Nino Ngimbi : un stagiaire à Job@uBuntu

Arrivé en Belgique vers la fin des années 1980, Nino Ngimbi est une personnalité atypique. Ce Bruxellois d’origine congolaise a connu un parcours pour le moins mouvementé. Son CESS en poche, il se rend à Namur pour y poursuivre des études en science politique. Une campagne académique namuroise qui se solde malheureusement par un échec. Il décide alors de revenir à Bruxelles pour approfondir ses connaissances en informatique et travailler dans le secteur associatif. Entre février et mars 2021, il rejoint l’équipe de Job@Ubuntu en tant que stagiaire. Nino évoque ici les souvenirs de son passage chez Job@Ubuntu.

 

Q/Comment aviez-vous  entendu parler du projet Job@ubuntu ?

Nino : Quand j’ai quitté Namur pour Bruxelles, je me suis très vite intéressé aux associations qui avaient un lien avec la jeunesse et l’action sociale. Lors d’une réunion préparatoire pour une manifestation contre les massacres et les violations des droits humains à l’est de la RDC, j’ai fait la connaissance de Billy Kalonji [ndlr – alors coordinateur du projet Job@ubuntu]. Et lorsqu’il m’a présenté le projet Job@ubuntu [J@u], c’est le mot ubuntu et les valeurs autour du concept qui avaient retenu mon attention.

Q/Pourquoi avoir choisi Job@ubuntu comme lieu de votre stage ?

Nino : Au-delà même des valeurs que je partage avec J@u, à savoir le bien-être social et la réussite commune, c’est la diversité qui existe sur le terrain. Lors de mes premières prises de contact avec l’équipe qui soutient le projet, j’ai fait la connaissance de Julio de San Salvador, de Karima originaire du Maroc, de Iriss qui a des origines balkaniques ou encore de Trezor de la RDC. Oui, c’est cette multi-culturalité présente au sein de Overmolen [ndlr – association incubatrice du projet J@u] qui m’a vraiment poussé à jeter mon dévolu sur Job@ubuntu. Cette philosophie du vivre ensemble me plaît beaucoup. 

Q/Dans quelle mesure la philosophie Job@ubuntu a enrichi votre expérience de stagiaire ?

Nino : Tu veux le changement, alors tu dois devenir ce changement. Une société peut voir diminuer son taux de racisme, rien que par le fait de l’éducation  parentale. Des parents qui élèvent leur foyer à accepter la diversité culturelle par exemple. Si tu veux qu’il y ait moins de morts sur les routes, conduis prudemment. C’est une philosophie qui m’a interpellé parce qu’elle est positive. Cependant, j’ai lu le rapport de la Fondation Roi Baudouin. Et le paradoxe est évident. Nous sommes qualifiés, nous avons des compétences, mais nous constatons que la communauté afrodescendante est la moins bien lotie au niveau de l’emploi. On ne nous voit pas sur le marché du travail. Job@ubuntu apporte non seulement les preuves de cette inégalité mais le projet œuvre aussi pour ce changement. Et donc chacun de nous doit œuvrer dans le même sens pour un meilleur vivre ensemble et une évolution positive de la société. 

Q/Quel est votre meilleur souvenir de stagiaire chez Job@ubuntu et pourquoi ?

Nino : Je retiendrai toujours le parcours décolonial à travers Bruxelles [ndlr – organisé avec Le Collectif pour la mémoire coloniale et la lutte contre les discriminations]. C’est quelque chose qui ne vous laisse pas indemne parce que vous voyez l’histoire d’une autre manière. En visitant ces lieux historiques, vous comprenez mieux les rapports entre la Belgique coloniale et le Congo, le Rwanda ainsi que le Burundi à l’époque. Ce genre de visite guidée, je le recommande fortement à toute personne intéressée par l’histoire de la colonisation. J’aimerais bien que mes enfants y participent la prochaine fois. C’est très important.

Q/D’après vous, le projet Job@ubuntu aura-t-il un impact à long terme sur le monde de l’emploi en Belgique ou ailleurs ?

Nino : Je pense qu’à court et moyen terme, J@u aura un impact assez significatif. Sincèrement, le projet est bien parti pour faire échos aux revendications de justice sociale sur le marché du travail belge. Raison pour laquelle j’y adhère totalement. A long terme, J@u pourrait avoir même des succursales en Afrique. Et pourquoi pas en RDC par exemple. Ce n’est que mon avis. Je pense que dans les années à venir, les Afrodescedants membres de la diaspora auront besoin d’émigrer en Afrique pour y apporter leur savoir-faire. Et c’est à ce moment-là que J@u pourrait intervenir en tant que pont entre cette diaspora et le marché du travail local. Pour le moment, il y a encore beaucoup de travail à fournir sur le terrain mais le projet a de beaux jours devant lui.

-Propos recueillis et photo par T.L